Comme un crocodile

Je n'en ai jamais parlé à personne, et c'est même la toute première fois que je vais oser dire qui je suis en réalité au fond de moi. J'ai toujours nié, sachant bien au fond de moi-même ce que je valais.

Je suis une manipulatrice. Je suis paranoïaque.

Tout ce que j'ai dit ici est vrai pourtant, mais si je le dis c'est parce que je sais que personne ne pourrait me reconnaître. Si ce blog était reconnaissable, si j'avais mis une photo de moi par exemple, je n'aurai jamais dis ça.

Sachant que ce blog est un truc anonyme, je dis tout, et en tout cas à présent ce genre de chose je le dis.

Pourquoi le dis-je maintenant ? Parce que je viens encore de me retrouver dans une situation où pendant 4 mois j'ai traffiqué, j'ai oeuvré pour faire exploser quelque chose : Une communauté Web d'un MMORPG.
Alors bien sûr, au départ, au début et à chaque fois je n'ai pas le but de casser quelque chose, mais j'ai besoin d'avoir le contrôle des choses, d'avoir du pouvoir et de l'ascendant... Je ne m'en rends pas toujours compte, mais avec le recul je vois bien comment je fonctionne.

En fait la première phase j'ai l'impression que je fais tout pour me faire accepter. Ensuite je fais tout pour me rendre indispensable. L'avant dernière étape c'est l'attaque, attaque de ce qui se met sur mon chemin, attaque des gens que je n'apprécie pas, attaque des gens qui ne m'apprécient pas. La dernière étape est le grand boulversement. Je lâche toutes mes armes sur l'ensemble des personnes, ça fait un clash terrible et je m'en vais me demandant pourquoi les gens sont aussi en colère contre moi... -_-.

Je n'en ai pas réellement conscience, et mon but n'est pas du tout d'arriver à ça. Mais visiblement je procède toujours de la même manière. Que ce soit dans la vie réelle ou virtuelle, avec mes amis, ma famille, ça se passe toujours comme ça.

J'ai beaucoup d'armes à ma disposition. La première et la principale c'est qu'étant parano, j'observe beaucoup les gens, je pose des questions, je creuse pour trouver leurs secrets, je les met en confiance pour qu'ils me disent à peu près tout. Une arme qui va bien avec ça c'est l'empathie, c'est à dire que je sens ce que ressente les gens, j'ai une grande capacité à me mettre à leur place et à comprendre ce qu'ils ressentent (ce qui me donne évidemment les meilleures armes si je dois les attaquer).
Une autre arme est donc la manipulation. Tout d'abord lors des deux premières phases, je me fais bien voir. Donc je met les gens en confiance, je prouve mes capacités, je "monte en grade" dans le groupe, j'ai donc plus de pouvoir, plus d'ascendant. Lors des deux dernières phases, je peux donc attaquer, en montant les gens les uns contre les autres, en répétant à l'un ce que m'a dit l'autre sur lui/elle (tout le monde parle sur le dos de tout le monde, c'est humain je pense), mais aussi en prouvant par des faits qu'untel ou untel ne vaux pas la peine (en par exemple le provoquant jusqu'à ce qu'il m'agresse et après de dire : vous voyez qu'il est agressif ?).
Ce ne sont pas les seules armes dont je dispose malheureusement mais je ne vais pas en faire étallage, du moins pas tout de suite, je ne sais pas encore.

Le pire de tout c'est que dans 100% des situations je n'ai jamais voulu tout ça, et je m'étonne à chaque fois de tout ce qui s'est passé. Dans la plupart des cas soit je fais semblant de rien en me convaincant que les gens sont dingues. Mais au fond souvent je sais que le problème vient de moi.

C'est déjà un grand pas que je me l'avoue à moi-même, je crois, et ça fait quelques jours que je cogite là dessus. Et un énorme pas c'est que j'ose l'avouer (alors bien sûr je crois que ce serait une autre paire de manche de l'avouer à un proche par exemple... :s).

Je ne sais pas exactement pourquoi je fais ça, pourquoi je suis aussi garçe. J'ai l'impression que j'ai besoin de ça pour être certaine que les gens m'apprécient tout de même. Pour exister aussi peut être. Ou bien peut être tout simplement parce qu'on m'en a déjà fait trop voir et que je me venge ou bien que je pense que tout le monde est dégueulasse tout le temps.

De ce point de vue là il y a vraiment deux parties en moi, une partie positive qui aime les gens, croit en eux, qui est constructive aussi. Et une autre partie qui les déteste, qui voit le mal en chacun, et qui détruit tout sur son passage.

En fait tout ça me fait souvent penser à ce qu'on m'a appris dans mes études d'éducatrice il y a longtemps. Lorsqu'on rentre dans un groupe d'enfant en tant qu'adulte référent, les enfants vont tester nos limites, nous pousser à bout jusqu'à ce que ça éclate, pour voir jusqu'où ils peuvent aller avec nous. Et bien c'est un peu ce que je fais à tout le monde. Je les pousse dans leurs limites, alors malheureusement souvent ça éclate et c'est irréparable, mais parfois après je suis rassurée.

Mon gros problème dans tout ça je pense, c'est que je ne trouve jamais "d'adversaire" à ma taille. C'est à dire que j'arrive toujours plus ou moins à mes fins. J'obtiens très souvent tout ce que je veux et assez rapidement. Je suis tellement douée dans la manipulation qu'il est extremement rare qu'on finisse par me dire non.
Et ça me rends encore plus mal...

Alors en fait maintenant que je ne me voile plus la face, je ne sais pas du tout quoi faire... Je voudrai réellement changer. Tout d'abord pour moi, parce que ça me permettrai d'avoir une vie plus paisible, positive et sympathique. Et ensuite pour les gens que j'aime qui ont à subir bien des tracas (bien que mes proches les plus proches n'ont jamais à subir mes accès de manipulation, comme si au fond de moi j'avais l'impression qu'ils font partie de moi et que donc je n'ai pas à les attaquer).
A chaque fois j'essaye, je me dis que ça va fonctionner, et pendant un petit temps j'y crois vraiment. Mais bon... Il arrive forcément un moment où une personne dans le groupe va déraper ou dire un truc qui va me faire psychoter et m'imaginer des tas de choses. Et là c'est certains tous mes efforts sont réduits à néant parce que si je me sens agressée je réponds directement... On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. C'est tout à fait vrai ! Je me sens comme un espèce de crocodile tapis dans l'ombre de la berge, qui vient de se faire marcher dessus par un tourriste par accident, et qui attend patiemment de pouvoir bondir sur ce tourriste et lui dévorer la jambe.
Mais bon c'est déjà un grand pas que j'en parle, ce n'est pas facile je dois bien le dire, mais je pense que déjà rien que de le dire même de façon anonyme ça va m'aider d'une façon ou d'une autre.

Oria Dens, la dingue.